Lyrics Youssoupha – A Force De Le Dire
Text:
On me reproche les mêmes colères, les mêmes foutus thèmes
Moi j’fais du rap populaire dans tous les sens du terme
Nos esprits sont descendus à force de les réduire
Alors nos speechs ne seront entendus qu’à force de les dire
À force de le dire, à force d’écrire sur mon ghetto et sa malchance
Un jour, mes rimes sont sorties de ma chambre
Adolescent à force de rap et de rythmes effrénés
J’suis passé d’l’illégal à la Cigale à guichets fermés
À force de rapper sur ton crunk comme une petite ‘tasse
Viens pas faire le thug, moi je fais toujours pas de Dirty South
Suce la tendance jusqu’à la mort, t’es dans de beaux draps
Moi j’m’en fous de la mode, par définition elle se démodera
À force de voir nos plus grands leaders assassinés
J’pleure pour leur mémoire mais tous leurs combats restent enracinés
Et le savoir sera mon arme, c’est décidé
Puisque les hommes qui ont les balles combattent souvent les hommes qui ont les idées
À force de m’comparer à ceux qui ont détruit Manhattan
À chaque fois que vous parlez vous ne faites que des «islamalgames»
Et les soldats ricains sont devenus héroïques
En 2001, quand tous les Musulmans du monde sont devenus terroristes
À force d’être trahi, mes amis je les dose
J’fais de l’acupuncture tellement j’ai de couteaux dans le dos
J’ai fait de l’Homme l’ennemi de mon destin
Parce que le jour où je serai son meilleur ami, il me traitera de chien
À force de juger nos gueules, les gens le savent
Qu’à la télé souvent les chroniqueurs diabolisent les banlieusards
Chaque fois qu’ça pète on dit qu’c’est nous
J’mets un billet sur la tête de celui qui fera taire ce con d’Éric Zemmour
À force de viser le trône j’ai fait le serment
D’être un leader car le deuxième est le premier des perdants
Comme la police si tu me clashes tout c’que tu dis sera retenu contre toi
À force de voir les flics écarter nos jambes
J’me demande si je suis né en 2008, le 4 novembre
Je m’rends bien compte de la victoire noire Américaine
Mais on n’change pas le monde en un week-end avec un «Yes We Can»
À force de dire que le FN est mort à l’évidence
On oublie que ses idées elles sont encore bien vivantes
Qu’elles alimentent le programme du président élu
Quand il parle d’identité nationale une fois dans les urnes
Ma jeunesse opprimée mais qui prend sa défense?
À force de clichés pour expliquer tous les sifflets dans le Stade de France
Est-c’qu’il nous aime ce pays j’sais pas du tout
Eh Malik c’est la France qui nous insulte et ça c’est pas du lourd
À force de supporter les cris et les saluts nazis
Avec ses skins, Paris la nuit n’est vraiment plus magique
Et si l’homme descend du singe
Le Kop de Boulogne te le rappellera renoi le jour où tu joueras au Parc des Princes
À force de s’aimer sans lendemain et sans latex
On vieillit mal avec l’idée du VIH dans la tête
J’m’entête à force d’avoir la tête dans un nuage de fumée
On s’ramollit sans cesse mais on a du mal à assumer
À force de subir l’occupation de ses territoires
La Palestine est meurtrie et j’nique tous les colons de l’histoire
Militer pour que le message s’exporte
Un peuple humilié au milieu des murs et des check-point
À force de s’bloquer dans des cases, on a menti
Il faut de tout pour faire un rap le but étant de rester authentique
J’fais pas le gangster ça c’est véridique
Ma génération a connu le rap français à travers Benny B
À force de m’rappeller de ma vie de gosse
À Cergy le hip-hop m’a frappé lorsque je rappais sur des beats box
Sapé à la Kriss Kross, j’lâche une p’tite strophe
Quelques rimes houleuses pour mes gars des Touleuses et St Christophe
Youssef, Marcel
Abdulai, et Adel
Pedri, Mounir, Frédéric et Mohamed
Et moi-même j’dois tout à Diable Rouge, j’ai les mots en peine
Et qu’Allah nous écoute afin qu’le frère Ali repose en paix
À force d’agoniser, à force de blâmes
À force de s’noyer dans des larmes alcoolisés, à force de drames
Mon rap contacte sans Blackberry ni Bluetooth
J’communique qu’avec des rimes et c’est terrible comment j’vous touche tous
À force de rêver disque d’or et Olympia
On veut tuer mes efforts comme le Tibet durant les Olympiades
Je peux pas plaire à tout l’monde, en toute amitié
Dans un monde où même Dieu ne fait pas l’unanimité
À force de rire du bout des lèvres étant donné
Que les blagues de Michel Leeb me font moins rire que celles de Dieudonné
Quand l’humour est acerbe il prend des risques fous
Et j’dois bien reconnaître qu’on ne peut pas toujours rire du tout
À force de subir une guérilla sauvage
Mon pays meurt dans l’oubli et dans l’amnésie internationale
Y’a cette tragédie humaine don’t l’opinion se moque
Pourtant la guerre au Congo a fait plus de 4 millions de morts
À force d’avoir mon dialecte qui balance
En argot et en français sont mes lettres mais j’oublie pas ma langue
Baninga bo lela té
Soki lelo na yé té
Muana a bosanaka nzela mboka na yé té
À force d’évoluer dans c’game intolérable
Combien de fois j’ai eu envie d’rentrer au bled et d’arrêter le rap
Mais la suite me fait saliver
Car le succès d’À Chaque Frère reste la plus belle chose qui me soit jamais arrivée
Chorus x2