Sako:
J’voulais pas m’permettre d’être père, l’ère est trop perverse, les dettes pèsent
Tant de mes pairs s’prennent à espérer, s’perdant en espérance
Trichent de mains de maître, rien n’s’y prête à voir un petit demain naître
Mais l’éternel juge mes frayeurs éphémères, j’vais être père
L’verbe «être» prendrait-il là tout son sens? Pèle-mèle
En abondance, des craintes germent, seule, une mère peine, mes repères
J’essaie au plus d’être un homme qu’est ce qu’mon rôle?
J’jure que ça m’honore mais je me sens roi sans couronne, perplexe

Soprano:
Faudrait que je lui dise qu’à la cité l’apesanteur
Qui fait qu’on a plus de pépin que la pomme de Newton
Au cœur une flèche de Guillaume Tell
Un faisan chassé comme Guillaume Durand, le casting de Nagui
Fut nul part ailleurs comme moi même à l’école
A cause de mes coups de gomme aux pots de colle qui
Quand je me noyais en maths, voulait être mes maîtres-nageurs
Car j’étais le mineur des blocs, j’allais au charbon avant
Même d’être majeur faudrait qu’lui dise de dessiné la silhouette
De son avenir mais pas d’la sienne au sol
Profiter d’ce qu’il y’a du ciel au sol
Pas être cramé méfiance seul parasol

Sako:
Dans l’âme, une guerre en latence naît d’un père en absence
C’est une lame qu’on enfonce au vif de l’enfance, à la paix qu’elle annonce
C’est au coin des lèvres, une plaie que rien ne panse
Dans l’un de mes rèves, j’sens mes mains qui s’avancent aux miettes d’sa présence
Comme celles d’un pauvre aux pièces qu’on balance
Je voudrais tant qu’on ne se lègue pas nos rôles, que la loi des série l’épargne
Qu’tout ça ne concerne pas mon môme, qu’il connaisse un autre monde
P’t-être ai-je été un mauvais fils? J’ignore tout ou presque de mon père
Rien ne reste de mon aurore, faudrait que j’lui dise…

Soprano:
Que j’connais pas trop le rôle de père vu que mon père et moi
Ne faisions pas la paire malgré qu’on meuble la maison
La pertinence de mes propos nourrissait son orgueil
L’discours de deux têtus, c’est le discours de deux mecs dans un cercueil

Sako:
Petit, je souhaite qu’mon père soit heureux de ta naissance
Te manifester son affection, c’sera m’en manifester un peu dans un sens
Même adulte on garde la soif d’amour paternel
L’indifférence laisse à l’existence un goût amer, n’en fait qu’un vague intermède

Soprano:
Mon père m’a dit qu’j’étais une perle au milieu de cailloux
Étant la seule perle j’voulais finir caillou
Voilà comment un môme bien fini voyou
Père, le père du voisin a pris la caille où
Il taffe pour la virgule de son fiston
Achète moi ce veston car je caille-ouh
Les flammes tapissent les igloos d’ce monde
Faudrait qu’je lui dise d’avoir une foi plus religieuse qu’la mante
Faudra pas qu’il attende qu’le hasard lui mente en disant qu’il s’appelle la chance
Quoi qu’il reconnaisse un 4 feuilles à de la menthe

Sako:
Faudra qu’je lui dise, la vie est si différente d’ce que j’attendais
Finir ici, parce que cible du cynisme des temps en est un signe inhérent
C’est ainsi qu’à trop m’entendre dire bon à rien, j’ai fini par le croire
Puis aujourd’hui par n’voir ma vie qu’par bribes
Lors de visites au parloir, parce qu’écouter c’est savoir
Il lui faudra savoir écouter
Si le salut est dans les livres, c’est seul, une fois éprouvée qu’on devine les choses
Savoir douter de soi sans s’ôter l’espoir à la joie des envieux
Parce que la vie, c’est comme le foot c’toujours ceux qui regardent qui jouent le mieux

Soprano:
Il sera peut-être cette chaleur qui fera fondre le cœur de glace que je croyais être un diamant
J’y étais attaché comme Douglas dans Body
La Madonna don’t j’étais l’amant
La monnaie, le faux pansement de l’hémorragie de mes yeux
La rivière ou de rêves partent en XXX
La rivière amène toujours à la mer mais jamais au père
Ce manque, la civière de ma maturité
L’aimant sur ma boussole qui m’a fait perdre mes repères
Et moi à l’aéroport, lors de son arrivée, je serai juste un bagage
Que j’aurai perdu le bagage don’t j’ai toujours rêvé

Sako:
J’espère qu’on n’communiquera pas que par chèque
La vie est si courte qu’mon fils me découvre rangeant mes effets personnels m’effraie
A perdre le sommeil l’ironie des jours, je l’verrai ni naître, ni faire ses premiers pas
Il m’paraît fou d’croire qu’on rattrape le temps mais j’ai l’espoir
Faudra qu’j’lui dise qu’il est déjà c’lui qu’j’ai pas su devenir
Qu’j’lutterais d’autant d’bons sentiments qu’y en a sous une soutane
D’avoir ressenti l’manque
Qu’j’resterai près d’lui même à distance j’serais pas ailleurs Entre ici et là, ni vraiment ici, ni jamais vraiment là

Soprano:
Qu’il sache que trop de douilles payent leur loyer dans le corps d’innocent
Trop de braconniers baisse la garde
Coupe les défenses de nos rhinos sans aucun remord
Pourraient même prendre ce qui nous sert de duvet
Faudra qu’il garde les pieds sur terre comme un légume
Donc être cultivé

-Oh! Oh réveille-toi! Eh! Ça te demande au parloir
-Ouais ouais, c’est bon, j’arrive

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